- Puis-je savoir combien vous importez de dents en Chine dans ces caisses ?

19/02/2013 18:42

- Puis-je savoir combien vous importez de dents en Chine dans ces caisses ? IV  28 32   Claudius Bombarnac - Dix-huit cent mille, sans compter les dents de sagesse ! Et Fulk Ephrinell se met à rire de cette plaisanterie qu'il a dû maintes fois semer sur sa route. Je le quitte et j'atteins la passerelle entre les deux tambours. Ciel assez beau avec un vent de nord qui menace de fraîchir. Au large, de longues risées verdâtres courant à la surface de la mer. Il est possible que la nuit soit plus dure qu'on ne le supposait. À l'avant du paquebot, nombreux passagers, Turkomènes en guenille, Kirghizes aux yeux bridés, moujiks en tenue d'émigrants, - de pauvres diables, enfin, étendus sur les drômes, contre les parois, le long des prélarts. Ils fument presque tous, ou grignotent les provisions qu'ils ont emportées pour la traversée. Les autres cherchent déjà dans le sommeil à réparer leurs fatigues, peut-être même à tromper leur faim. L'idée me vient de faire les cent pas au milieu de ces groupes. Je suis comme un chasseur, qui bat les broussailles avant de se mettre à l'affût. Me voici devant le tas des colis, sur lesquels je jette un véritable regard de douanier. Une caisse assez grande, en bois blanc, sur laquelle retombe un pan du prélart, attire mon attention. Elle mesure, en hauteur, un mètre quatre-vingts sur un mètre de largeur et de profondeur. On l'a placée en cet endroit avec le soin qu'exigent ces mots écrits en russe sur ses montants Glaces - Fragile - Craint l'humidité. Et ces indications Haut - Bas, qui ont été respectées. Puis, une adresse ainsi libellée Mlle Zinca Klork, avenue Cha-Coua, Pékin, province de Petchili, Chine. Cette Zinca Klork - son nom l'indique, - doit être une Roumaine, et elle profite de ce train direct du Grand-Transasiatique pour se faire expédier des glaces. replique sac hermes evelyne beigeEst-ce que cet article manque aux magasins de l'Empire du Milieu ? Comment font alors les belles Célestes pour admirer leurs yeux fendus en amande et l'édifice de leur chevelure ? La cloche retentit et annonce le dîner de six heures. Le dining-room est à l'avant. J'y descends et trouve la table déjà garnie d'une quarantaine de convives. Fulk Ephrinell s'est installé à peu près au centre du salon. Une place étant libre près de lui, il me fait signe de venir l'occuper, et je me hâte d'aller en prendre possession. IV  29 33   Claudius Bombarnac Est-ce hasard pur, je ne sais, mais la voyageuse anglaise est assise à la gauche de Fulk Ephrinell, qui s'entretient avec elle et croit devoir me la présenter.  Miss Horatia Bluett , dit-il. En face, j'aperçois le couple français, lequel étudie consciencieusement la carte du dîner. À l'autre bout de la table, du côté de l'office d'où viennent les plats, - ce qui lui permettra de se servir le premier, - se carre le voyageur allemand, un homme fortement constitué, face rougeaude, cheveux blonds, barbe roussâtre, mains empotées, nez très long, qui fait songer à l'appareil proboscidien des plantigrades.